Violaine MAS
La nourriture, un sujet
qui traverse notre humanité
Nourriture
et spiritualité pourraient apparaître opposées, l’une du côté du corps
et l’autre du côté de l’âme. Pourtant le repas eucharistique, le jeûne
du Ramadan, les interdits alimentaires des Juifs ou des Hindous et tant
d’autres exemples nous montrent le contraire. Le pain, ce « fruit de la
terre et du travail des hommes », représente bien ce que la nourriture
a de particulier pour nous tous : un élément essentiel pour notre
survie, comme pour n’importe quel animal, mais aussi un élément
préparé, transformé, présenté et absorbé dans des circonstances
précises qui caractérisent chacune de nos sociétés et de nos cultures.
Nous
sommes nombreux pendant ces vacances à avoir savouré les spécialités
des régions ou des pays que nous visitions. Manger, pour l’être humain,
ce n’est pas seulement s’alimenter. Il n’y a dès lors rien d’étonnant
si la nourriture occupe une grande place dans la plupart des religions,
qu’il s’agisse de repas rituels ou de prescriptions alimentaires. Rien
d’étonnant non plus si les relations sociales et familiales sont si
souvent liées aux repas préparés, partagés, offerts, attendus. Ne
proposons-nous pas à quelqu’un de manger ensemble pour faire
connaissance ? C’est bien par la nourriture que la paroisse propose de
vivre la fraternité dans les repas 4x4 ou le réveillon Solidarité. Tous
ces codes, toutes ces manières de maîtriser l’acte de se nourrir nous
permettent d’affirmer notre humanité, qui refuse d’être esclave de ses
besoins tout en reconnaissant leur existence.
La
religion chrétienne, qui affirme que « l e Verbe s’est fait chair et a
habité parmi nous », souligne cette dignité de notre existence
terrestre. Dieu nous a rejoints dans notre humanité chaque fois que
Jésus s’est assis à une table de Palestine il y a vingt siècles, et
chaque fois qu’il vient dans l’hostie pour le « repas du Seigneur ».
Dieu est sans doute aussi présent lorsque nous chantons « La sagesse a
dressé une table » que lorsque nous mettons le couvert pour le repas
familial.
Enfin,
et c’est sans doute un questionnement encore plus actuel, la nourriture
que nous devons produire nous amène à nous interroger sur notre
relation avec « la terre nourricière », que Dieu nous a confiée mais
dont nous devons prendre soin. Comment nos choix alimentaires ont-ils
des conséquences en matière écologique ?
Comment pouvons-nous nous nourrir de la manière la plus éthique possible ? La nourriture n’est donc pas seulement une question de survie, mais de santé, de culture, de morale, de société, de religion, d’écologie. Bref, une question qui traverse notre humanité.