Dossier



Bénévole, je suis pour !







Qu’est-ce qui fait courir les bénévoles ?


 


Bénévolat vs société marchande



Le bénévolat signifie « vouloir du bien ». C’est un don gratuit de temps, de compétence. Alors que le travail rémunéré a reçu sa rétribution, le bénévolat permet de sortir de l’échange marchand.  Cela ne sert à rien financièrement parlant, cela coûte même de l’argent en déplacements par exemple. Alors qu’est-ce qui fait courir les bénévoles ?

Notre société marchande ne semble accorder de « valeur » qu’à ce qui rapporte de l’argent, pour nourrir la « croissance ». Mais même de ce strict point de vue, si les grands-parents n’étaient pas présents pour boucher les trous des systèmes de garde des enfants, les parents ne pourraient pas travailler tous les deux à plein temps, « gagner de l’argent » et faire tourner la machine économique.

Les loisirs des enfants sont souvent organisés par des associations de bénévoles, tant dans le domaine sportif que culturel. Les parents s’y investissent souvent, ne serait-ce que pour accompagner leurs enfants lors des rencontres. D’ailleurs, ils n’ont plus de temps libre pour les autres types d’engagement, si bien que rares sont  les moins de 50 ans dans les associations cultuelles, sociales, caritatives.

Que cherche-t-on alors dans le bénévolat ? On peut chercher à nouer des relations autres que d’intérêt : les associations sont un tissu social essentiel sans lequel nous mourrions de solitude. Rappelons-nous le drame du Covid qui a cassé tous ces liens spontanés et déshumanisé notre société. Comme il a été difficile de renouer des relations de confiance, après les deux années de méfiance officielle ! Comme il a été difficile aux jeunes de sortir de leur « cave numérique » !

"L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu." (Mt 4,4) L’argent n’est qu’un moyen, il ne saurait donner un sens à la vie. Les relations non marchandes sont le sel de la vie. S’engager dans une activité bénévole apporte un supplément d’âme car alors on se sent utile et reconnu par les autres.

Yves Junet







6 500 cyclistes à Roanne !


 

SEMAINE FÉDÉRALE DE CYCLOTOURISME (20-28 JUILLET)

Vous ne pouvez pas ne pas en avoir vu quelques uns ! 6500 cyclistes et leurs familles, à Roanne, pendant une semaine, ça se voit, non  ! Et … Il en a fallu, des bénévoles, pour concevoir, organiser, baliser les circuits, guider, orienter, servir à manger, à boire, accueillir, héberger, divertir, secourir, partager, conseiller… entre autres tâches !…

Combien d'heures passées depuis plus de deux ans pour préparer cet événement qui a rassemblé, réuni, fédéré tous ces hommes et ces femmes autour de leur passion : le vélo, l'accueil de l'autre et la joie de la rencontre.

Et ces bénévoles, après toutes les "tempêtes" d'une longue préparation, n'ont pas été épargnés par celle du Samedi 20 juillet. Elle a renversé les stands, bousculé et rendu inutilisables les barnums, arraché les auvents et les tentes des campeurs, empêché de dormir les responsables (eux aussi bénévoles) de la sécurité … Mais par miracle, le ciel a voulu qu'il n'y ait pas de dégâts humains et que chacun puisse retrouver sa sérénité dès le lendemain pour que la fête se poursuive. Ouf !...

Bien sûr, ce ne furent pas les Jeux Olympiques, mais quel bonheur d'être un acteur de cette fête, et d'être "récompensé" par les sourires et la joie des participants !

Alors, le Bénévolat, OUI !  

Oui, quand il réunit ! Oui, quand il donne de la joie ! Oui, quand il ouvre le cœur à l'autre ! Oui, quand il partage. Oui, quand il aime et que cela se voit ! Oui, quand il apporte ce supplément d'âme dont chacun a besoin pour être reconnu, pour être apprécié et aimé tel qu'il est et d'où qu'il vienne.

Et en retour : que du bonheur ! Ah ! On n'est riche que de ce qu'on donne !… Merci, le bénévolat ! Sans aucune hésitation : "Bénévole, je suis pour !".

JP Perrin




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Emmaüs sensibilise aux dégâts de la Fast fashion


 



Des travaux pratiques

pour "enfoncer le clou"



Mardi 30 juillet, une dizaine de jeunes se sont rendus sur le site d’Emmaüs Mably pour une journée de sensibilisation à la fast fashion, à l’initiative du Centre socio-culturel du Coteau.

L’événement a été co-organisé par le Comité d’amis d’Emmaüs Roanne Mably et le Tri d’Emma.

Mesurer l’importance du phénomène

Pour illustrer les dégâts de la mode rapide, les jeunes ont visité le site de Mably où transitent plusieurs tonnes de vêtements et tissus. Ils ont pu prendre conscience de la quantité de travail que représentent le tri et la mise en rayon des vêtements qui seront vendus sur le seul site de Mably. Pour la suite, Le Tri d’Emma et Emmaüs Mably ont présenté les aspects négatifs de la mode rapide de la production des matières premières aux décharges à ciel ouvert en passant par les conditions de travail délétères des ouvrières et ouvriers du textile.

La journée s’est terminée par des travaux pratiques avec le défilé des jeunes qui avaient sélectionné des tenues de seconde main selon des thématiques telles que « tenue de plage » ou encore « bal de promo ».

Sensibiliser les jeunes aux valeurs Emmaüsiennes

Depuis 2023, le Comité d’amis d’Emmaüs Roanne Mably mène des actions de sensibilisation auprès d’un public jeune. De plus en plus sollicité par les établissements scolaires ou directement par les élèves qui mènent des projets pédagogiques ou professionnels, Emmaüs est intervenu auprès de jeunes à partir de 3 ans pour parler solidarité et écologie. Grâce au recrutement d’une personne en service civique, le Comité d’amis développe des outils pédagogiques pour intervenir dans les établissements scolaires et pour des journées de sensibilisation sur son site telle que celle du 30 juillet dernier. La structure accueille aussi de nombreux jeunes volontaires dans le cadre de leur Service National Universel ou de leur Pass Région. Une bonne façon de leur faire découvrir le bénévolat puisque nombreux sont celles et ceux qui reviennent aider les bénévoles après la fin de leur mission.

Mélanie FOUTREL



Geneviève de Gaulle-Anthonioz,
une résistante chrétienne





Nous connaissons le profond engagement de Geneviève de Gaulle-Anthonioz dans l'association ATD-Quart Monde, mais connaissons-nous bien la place qu'elle a tenue dans l'Histoire ?

L’engagement politique a une dimension citoyenne, patriotique, mais parfois aussi spirituelle. C’est le cas Geneviève de Gaulle, il y a 80 ans.

La nièce de Charles de Gaulle a grandi, comme son oncle, dans une famille catholique très pratiquante. Elle vit une partie de son enfance en Allemagne, où elle apprend la langue et lit Mein Kampf. En 1939, elle entame des études d’histoire. Mais, dès la débâcle, elle choisit d’entrer en Résistance, suivant immédiatement le combat du frère de son père. Le 23 juillet 1943 à 24 ans elle est arrêtée puis déportée à Ravensbrück, le camp réservé aux femmes. Un triangle rouge pour « internée politique » est cousu sur son vêtement. En avançant vers son baraquement elle rencontre « des êtres, encore vivants, qui n’avaient plus de regard ». 

Dieu a-t-il abandonné les hommes ?

« Pendant neuf mois, j'ai lutté pour ne pas céder au désespoir, garder le respect des autres et de moi-même.
Non, Dieu n'était pas absent, il éclairait le beau visage d’Emilie Tillon; la vieille Maria, mère Élisabeth, rayonnaient de sa lumière. Nous allions le prier en cachette, derrière une baraque, avec une religieuse orthodoxe russe […], mère Marie, que l'épreuve portait à la plus haute contemplation. Il fallait que dans ma cellule j'essaie pauvrement d'être dans leur sillage. Mais à aucun prix je ne voulais me séparer dans ma prière des plus misérables, celles qui volaient le pain, nous battaient pour la distribution de soupe. […] Je devais partager leur humiliation, comme la fraternité et le pain. », écrit Geneviève de Gaulle Anthonioz

 « Chez elle, la religion est déterminante : elle ne la met jamais en avant, mais elle sous-tend toute l’attitude et la rectitude morale qu’elle adopte contre un régime paganiste et antireligieux », explique Frédérique Neau-Dufour, historienne et auteur d’une biographie.

Dans le camp les liens se construisent, avec en particulier Germaine Tillon. Elle ne se doutent pas que 70 ans plus tard elles entreront au Panthéon de la République. Les prisonnières partagent une foi profonde. L’isolement de Geneviève dans un cachot à partir d’octobre 1944 n’en sera que plus douloureux

Jamais Geneviève n’arrête de prier. Parfois elle doute. Toujours elle interpelle, comme ces quelques lignes, qu’elle écrit en 1946 : « Quelques-unes disaient leur chapelet dans un coin de dortoir, comme des enfants perdus qui crient maman dans le noir et rien ne répond. Ils sont seuls. (…) Prier ? Et où trouver des mots pour Dieu dans cette misère ? Que prient ceux qui ont le temps, dans le silence. J’ai les oreilles et la bouche pleines d’une clameur de désespoir. (…) Où est-ce, Seigneur ? Où passe-t-elle pour aller jusqu’à vous, cette voix issue de la plus immense misère ? Sommes-nous exclus du monde des saints, nous qui luttons dans la faim et la vermine, la crasse et la fatigue, nous les déchus, nous les pauvres gens ? »

Après sa libération en avril 1945 commence une seconde vie, celle de l’infatigable militante à ATD-Quart Monde, association de lutte contre la pauvreté, dans la juste continuité de ses longs mois de déportation, et dans la suite logique de sa foi chrétienne éprouvée à Ravensbrück.

Bernard Guiffault



Une expérience de service : le Cised



Proche de notre équipe de rédaction, Christian, alors responsable du CISED* , nous fait part d'un bénévolat dédié à l'accueil des étudiants étrangers.

 

Au départ, il y eut un cercle du silence pour protester contre le traitement infligé aux demandeurs d’asile,  cercle vécu aux côtés d’un ami de la CVX** qui m’a parlé  de son engagement au CISED. Moi, je ne m’en sentais pas capable, mon écueil habituel. C’était il y a 8 ans. 

Dieu est rencontre et la boussole de la joie m’a menée au CISED. A Saint Denis, les études des étudiants étrangers enrichissent mes connaissances ; en retour, je suis heureuse de les aider à clarifier leur français ou de leur donner envie d’apprendre l’anglais. En début de séance, j’essaie de lancer des ondes d’accueil, de penser la ‘bien veillance’ : ‘Que puis-je faire pour toi, pour vous ?’ Il faut arriver à bien comprendre leur demande, au delà des mots parfois bafouillés.

Mais, au final, qui aide qui ? Leurs rencontres bousculent ma manière de penser, de regarder l’autre et nourrissent ma prière. Mes préjugés envers l’étranger s’effritent. Je ne suis plus gênée par le port du voile, moins froissée par certaines réactions bien éloignées des miennes et souvent émue par tant de points communs à tout être humain. Pour garder le cap, je me redis que ‘Dieu regarde l’être intérieur’.

Les étudiants nous invitent à un accueil inventif lorsqu’ils avouent : ‘Vous êtes notre famille’ ; et c’est vrai parfois pendant des années, une grande famille aux visages arc en ciel, les leurs et ceux des bénévoles.  Je me sens un peu leur maman ou leur grand mère lorsque j’écoute leurs problèmes, lorsque j’essaie de partager leurs peines ou leurs joies.  Les leurs sont si loin, ‘au bled’ comme ils disent. Je mesure combien ma vie est privilégiée quand je vois leurs difficultés de  tous ordres.  

 

Ces dernières années, j’ai réalisé que le CISED est une mission d’Eglise en écho au pape François, qui nous envoie aux périphéries. C’est un  lieu où nous  accueillons la personne dans son intégralité. Et, lorsque je suis à l’accueil dans ma paroisse à Montmartre, je m’appuie maintenant sur cette belle expérience vécue au CISED, un lieu où nous aidons les étudiants à grandir vers plus d’autonomie, à prendre leur vie à bras le corps et telle qu’elle se présente à eux.

 

Lorsque je parle du CISED, je m’étonne de la réaction de l’interlocuteur : plus d’une fois, il nous  rejoint vite ! Une accueillante m’a confié cette citation de Saint Jean Chrysostome : « Voici les sentiments que l’on doit avoir en recevant les étrangers : l’empressement, la joie, la générosité. L’étranger est toujours timide et honteux.  Si son hôte ne le reçoit pas avec joie, il se retire en se sentant méprisé car il est pire d’être reçu de la sorte que de ne pas être reçu du tout ». En guise de feuille de route ?

 

Monique HORDER

* CISED : Centre d’initiatives et de soutien aux étudiants de Saint-Denis

**CVX  : Vie chrétienne